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Eleveurs de bovins de la Fnb « Nous sommes au bout du soutenable. La rentabilité n’est pas au rendez-vous »

A une semaine de leur assemblée générale des 4 et 5 février 2015 à Rodez, les éleveurs de la Fédération nationale dressent un inventaire de la situation de crise insoutenable à laquelle ils sont confrontés.

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Ils ont à peine fini de rembourser leurs prêts spéciaux, souscrits après les sécheresses de 2010 et de 2011, qu’ils réempruntent pour reconstituer le fonds de roulement de leur exploitation. C’est la situation de nombreux éleveurs de bovins viande après une année 2014 catastrophique, décrite par Jean-Pierre Fleury, président de la Fédération nationale bovine ce 27 janvier 2015, à huit jours de l’assemblée générale qui se tiendra à Rodez les 4 et 5 février prochains. Avec des revenus les plus faibles de la profession agricole, ils sont nombreux à rencontrer de sérieux problèmes de trésorerie et à souscrire des prêts de consolidation à des conditions peu avantageuses.

La faiblesse des cours des animaux explique bien sûr ce marasme. Mais l’engorgement des abattoirs par les vaches de réforme et les bovins viande qui n’ont pas pu être exportés vers la Russie n’expliquent pas tout.

C’est la guerre des prix à laquelle se livrent les grandes enseignes de la distribution qui met en concurrence des viandes importées avec les carcasses d’animaux élevés en France, sans en faire au final profiter les consommateurs.

Depuis 2000, les prix au détail de la viande ont augmenté de 60 % et les intrants de 50 % tandis que les cours des animaux n’ont progressé que de 12 %, selon la section spécialisée de la Fnsea.

La Fnb reproche aussi aux dirigeants de la grande distribution de ne pas respecter les cahiers des charges pour garantir la qualité des produits vendus aux consommateurs.

Par exemple, les délais de maturation des carcasses sont trop courts et l’origine France des animaux n’est pas clairement identifiée.

Résultat, pour se faire entendre, la section spécialisée de la Fnsea n’exclut pas de nouvelles opérations dans les supermarchés.

« On est passé d’une logique de gestion des produits à une logique de gestion des flux », déplore très remonté, Jean-Pierre Fleury, le président de la Fnb.

Pas satisfait par la viande proposée, il n’est pas étonnant que le consommateur opte pour le « haché » au détriment du « piécé » dont les achats ont diminué de 3 % l’an passé.

La viande de veau n’est pas en reste et la situation ne peut même que s’aggraver puisque les éleveurs sont les principales victimes de la convergence des aides découplées de la Pac.

Des races bouchères les meilleures au monde

Le marasme des éleveurs est aussi lié aux décisions des collectivités territoriales et au développement de la restauration hors domicile qui repose massivement sur des produits importés.

« 80 % de la viande consommée n’est pas française », assure la Fnb. Une occasion manquée pour dynamiser les filières bovines sur les territoires et développer les circuits courts.

La reconquête du marché intérieur est l'un des trois thèmes de la prochaine assemblée générale de la Fédération nationale bovine des 4 et 5 février prochains.

Les deux autres sujets sont la compétitivité de la filière française dans l’Union européenne et la relance des exportations de viande bovine vers des pays tiers sur lesquelles les éleveurs misent beaucoup d’espoirs. Or, les difficultés rencontrées sur ces points sont d’abord réglementaires.

Productivité en hausse de 2,5 % par an

La Fnb dénonce en fait, comme les autres syndicats, l’excès de zèle de l’administration française pour transposer les règles imposées par la Commission européenne. Qu’il s’agisse des normes à respecter en matière d’installations classées ou de la nouvelle directive nitrates « qui est une succession d’erreurs politiques ».

Jean Pierre Fleury déplore par ailleurs le faible soutien de la Commission européenne. « Phil Hogan, le commissaire à l’Agriculture, ne comprend pas que la production de viande bovine est en crise », explique-t-il.

Aussi, son recours est Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture pour « défendre au moins l’idée de structurer le marché des vaches de réforme abattues massivement ces dernières semaines ».

Enfin, les éleveurs de la Fnb n’attendent pas de la réforme de la Pac des aides structurantes pour renforcer l’équilibre financier de leur exploitation. Toutes les modalités de sa mise en œuvre ne sont pas encore connues (attribution des Pmtva, année de référence retenue) et rien ne garantit que les hausses des Ichn profiteront pleinement aux revenus des producteurs. Par le passé, le supplément de soutiens publics perçu a souvent servi à compenser la hausse des charges.

La question de la rentabilité du secteur bovin exige ainsi des réponses immédiates pour aider les éleveurs, et leur filière en mutation, à se projeter dans l’avenir et à bâtir des projets. Par exemple, la construction de bâtiments à énergie positive, le développement de la production d’électricité photovoltaïque. Or il n’en est rien et l’image de crise permanente renvoyée aux jeunes agriculteurs dissuade nombre d’entre eux de s’installer.

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